Vers un lancement proche du Projet d’Appui aux Gouvernements Ouverts d’Afrique Francophone
« On peut aider un bœuf à se lever seul, seulement s’il s’efforce lui-même de le faire. »
Proverbe africain
Le 2 juin 2017 lors d’un atelier relatif à l’Afrique francophone fut annoncé le lancement proche du Projet d’Appui aux Gouvernements Ouverts d’Afrique francophone (désigné généralement par son acronyme PAGOF).
Au cours de la rencontre régionale du PGO en Afrique, organisée au Cap en mai 2016 et en marge d’une session consacrée par Etalab à la préparation du quatrième Sommet mondial du PGO à Paris, un groupe d’activistes composé d’Ivoiriens, de Burkinabés, de Sénégalais et de Marocains ont attiré l’attention sur les difficultés linguistiques des pays francophones au sein du PGO et sur celles des pays de voisinage du pgo dues aux conditions de fond et forme d’accès au PGO.
Concernant la question des efforts linguistiques en matière de la francophonie, l’initiative du groupe ci-dessus a été précédée par le travail pionnier de l’ONG française « République citoyenne ».
Par ailleurs et concernant l’assistance aux pays de voisinage, il faudrait évoquer les efforts louables déployés par la direction de l’engagement civique du PGO—et particulièrement de Paul Massen et Maureen Kariuki pour l’Afrique—qui n’hésite pas à soutenir les pays de voisinage lorsque des ONG suffisamment actives de ces pays manifestent un intérêt pour le PGO.
Or, le PAGOF constitue une réelle rupture par rapport à ces initiatives de par sa dimension et son contenu qui dépassent le niveau linguistique et la simple écoute des pays de voisinage.
Autrement dit, les réalisations dépassent dans le domaine les attentes des initiateurs mais en même temps modifieront amplement la forme future de leur engagement.
En effet la balle qu’ils avaient lancée il y a prés d’une année dans le camp du PGO revient dans leur propre camp pour qu’ils puissent réunir les conditions du succès de l’assistance attendue du PAGOF qui réclame de nouvelles approches plus pointues.
La réussite d’une assistance supposant une connaissance de la situation existante et un diagnostic approprié, les pays africains francophones concernés devraient donc :
- réunir toutes les informations concernant le processus de leur adhésion au PGO (lorsqu’ils ne sont pas membres) et le cycle de leur plan d’action (lorsqu’ils sont membres)
- analyser les informations disponibles pour expliquer les performances en matière d’éligibilité et de plans d’action—analyses qui seront confrontés à celles des experts mobilisés par le PAGOF
Les pays membres trouveront une excellente source d’inspiration pour les analyses dans les rapports du Mécanisme d’Évaluation Indépendant (MEI) qui explicitent les lieux des dysfonctionnements des plans d’action africains et qui constituent autant d’opportunités pour des gains de performances dans le PGO.
Les pays non membres, quant à eux, gagneront à préciser de manière plus fine leur situation par rapport au processus d’éligibilité et à identifier clairement les défis de ce processus.
Cette démarche proactive permettra de faciliter la tâche des experts et en même temps d’assurer un apprentissage des acteurs opérationnels locaux.
Par ailleurs, il existe un autre moyen de mobiliser les savoir-faire nécessaires auquel il est souhaitable de recourir en priorité pour des questions d’efficience.
En effet il y a actuellement huit pays africains francophones concernés par le projet dont :
- 3 pays membres : la Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso
- Un pays éligible : le Sénégal
- 3 pays proches de l’éligibilité : la Guinée, le Bénin et le Maroc
Cette classification –basée sur la différence des états d’avancement en matière du PGO -suggère un potentiel de connaissance différentiel mobilisable pour l’apprentissage au sein du Partenariat.
Un réseau de partage entre ces pays serait donc le bienvenu comme complément préalable au PAGOF. Mais l’intérêt du PAGOF dépasse le niveau africain francophone car il pourrait aussi inspirer d’autres ensembles de pays membres du PGO. Notons en effet que le PGO comporte aujourd’hui des engagements mondiaux—émanant de son Comité directeur—et des engagements locaux des pays membres pris dans le cadre de chaque plan d’action national.
Un espace existe donc pour des engagements multilatéraux concernant un groupe de pays à l’instar du PAGOF—centré sur un critère géographique et linguistique—ou de la déclaration de Paris centrée sur des engagements spécifiques.
L’intérêt du PAGOF est, avant tout, d’inspirer l’émergence d’autres groupes analogues de pays pour permettre une mutualisation des ressources autour de facteurs communs liés à la géographie et/ou à la culture.